Olivia Ruiz sème des étoiles sur la musique
Après avoir été "La Femme Chocolat", Olivia Ruiz revient plus en forme que jamais dans la peau de "Miss Météores" et devrait faire comme à son habitude : la pluie et le beau temps dans les charts. Rencontre avec une artiste passionnée.
Pour le précédent opus, tu étais "La Femme chocolat". Avec cet album, tu es devenue "Miss Météores". Peux-tu m'expliquer le choix de ce titre ?
Je n'étais pas vraiment la femme chocolat : ce n'est qu'une partie de moi. "Miss Météores" représente toutes mes facettes, ou peut-être uniquement la poupée qui est sur la pochette. Avec cette pochette et ce titre, j'aimais l'idée de me dire que c'est moi qui fait la pluie et le beau temps dans le ciel de ma vie. C'est moi qui dirige les choses et qui choisis le nombre d'étoiles que j'ai envie de mettre. La chanson "Les Météores" est importante pour moi dans ce disque car elle représente une mise à nu. Il y a aussi le petit jeu de mots avec la miss météo. De plus, sur l'album précédent, il y avait une chanson qui s'intitulait "La Fille du vent". Je fais aussi référence au tempérament.
Tu t'es retrouvée en studio avec l'équipe de ton précédent opus, composée de Mathias Malzieu et Alain Cluzeau. Pourquoi ne pas avoir changé d'univers ?
Je n'ai pas changé d'équipe car je me sens super bien avec eux ! Je voulais simplement être avec des gens que je connaissais bien et avec lesquels je pouvais m'exprimer librement, sans avoir besoin d'y mettre des formes. Mathias et Alain sont deux personnes qui me connaissent bien, donc, quand je demande quelque chose, ils le traduisent très vite et d'une manière très fidèle. Je voulais vraiment être dans un environnement familier avec ces gens que j'aime, pour être encore plus sereine.
Comment travailles-tu, d'une manière générale, avec ton compagnon Mathias Malzieu ?
Mon équipe n'intervient absolument pas sur la composition des chansons, seul Mathias le fait. Le matin, j'arrive avec un texte et une mélodie et je dis à Mathias : "Je voudrais des accords et une rythmique lente ou un rythme plutôt rapide. Je voudrais des accords plus mineurs ou majeurs. Je voudrais que cela soit très gai et très fleuri, ou je voudrais que cela soit plus terne, plus nauséeux". Puis nous cherchons ensemble et il me fait des propositions. De mon côté, je travaille la mélodie et j'arrête dès que j'en suis satisfaite. J'arrive finalement avec la base des chansons, c'est-à-dire soit ukulélé-voix, guitare-voix ou piano-voix. A partir de ce moment, je choisis les musiciens pour chaque morceau et on cherche à trois la couleur des titres.
As-tu des anecdotes de studio à nous faire partager ?
Il y a plein de petits souvenirs en studio, des moments de magie. Mais la petite anecdote rigolote concerne un des invités : le groupe Coming Soon, notamment le batteur et chanteur Léo, qui a 16 ans et est le plus jeune de la formation. Après avoir passé deux jours ensemble à bosser, il a quitté le studio avec le sourire aux lèvres et je lui ai demandé : "Et bien, tu a l'air content Léo ?". Il m'a répondu : "Ah oui, c'est la première fois que je vais prendre un taxi !" (rires). C'était hyper drôle et trop mignon !
En parlant de collaborations, peux-tu commenter celle avec ton père, sur le morceau "Quedate" ?
Il n'y a pas vraiment eu de collaboration avec mon papa. En fait, au moment où je terminais la chanson "Quedate", il me manquait un truc et je cherchais ce qu'il pouvait y avoir en plus sur ce morceau. Je l'ai donc simplement appelé en lui demandant de venir faire quelques voix, mais il est arrivé avec sa partie réécrite. Je lui ai demandé pourquoi il avait fait cela, car j'avais écrit le texte. Il m'a expliqué que mon frère lui avait dit qu'il avait réécrit sa partie lorsqu'il était venu rapper sur la fin du "Saule pleureur", il s'est donc dit qu'il pouvait faire la même chose. J'ai accepté même s'il ne fait pas de hip-hop, car c'est le seul domaine où chaque artiste écrit sa partie. C'était drôle et nous avons enregistré ce titre tous les deux. C'était très spontané, non calculé.
Musicalement, comment décrirais-tu cet opus ? Il est en effet vraiment diversifié...
C'est mon luxe de ne pas avoir à décrire mes disques en termes de classification, c'est ce que j'aime ! Je ne supporte pas de m'enfermer dans un genre. Tous les journalistes me le disent, mais ça ne s'explique pas la musique, ça s'écoute, ça se ressent ! Si je vais aussi fouiller dans autant d'univers différents, qui me représentent tous un peu finalement, c'est que ce sont des univers que j'ai explorés à un moment ou un autre de ma vie. Si demain je décide de faire un album de folk, de rock ou de java, je peux le faire, car on ne m'attend pas spécifiquement à un endroit. Je ne suis pas enfermée dans un registre musical où je me sentirais finalement prisonnière.
Tu as écrit la quasi-totalité des textes. Quelles ont été tes inspirations ?
Mes textes ne sont jamais complètement autobiographiques ou complètement imaginaires, mais il y a toujours une part de moi quelque part. Lorsque l'on a envie d'un peu de réalisme sur une partie d'une chanson, on est obligé de puiser dans ce qu'on connaît, même pour la chanson "Les Crêpes aux champignons". A priori, je n'ai tué aucun de mes amants à coup de poignard et jamais je n'ai passé mes journées à hurler à ma fenêtre pour qu'un amant revienne. Pourtant, cet amour passionné, qui au bout d'un moment déconnecte de tout, est aussi ma façon de vivre l'amour de près ou de loin. Il y a donc toujours une part autobiographique, mais cela peut-être simplement un sentiment qu'on a connu ou que l'on va mettre au service d'une histoire qui n'est pas du tout la nôtre. Ca dépend.
Tu évoquais justement "Les Crêpes aux champignons". Est-ce une de tes spécialités ?
Une femme qui veut faire revenir son homme avec de la nourriture, c'est encore assez commun, mais je me suis dit que tout à coup cela suscitait de nombreuses questions : lui aurait-elle mis des champignons hallucinogènes dans ses crêpes ? Est-ce la première étape du meurtre ? Est-ce que ce sont des crêpes dégueulasses et surgelées et est-elle folle au point de croire qu'elle va pouvoir le faire revenir avec ce truc mauvais ? Voilà la raison pour laquelle j'ai choisi cette image plutôt qu'une autre.
Peux-tu me parler de tes collaborations sur cet opus ?
Il n'y a pas tant de collaborations que ça. Il y a Coming Soon et les Lonely Drifter Karen, qui ont écrit une chanson. Ce sont des rencontres, des coups de coeur artistiques et humains. Il y a aussi les Noisettes, qui sont en backing-band sur un de mes morceaux, mais également Toan et Didier Blanc (son frère et son père) qui viennent chanter. C'est spontané, ce sont des envies qui peuvent marcher ou pas. En l'occurrence ici, c'était une évidence qu'il y avait quelque chose à faire en confrontant les univers de ces groupes-là et le mien.
Quelles autres collaborations te feraient rêver ?
Oh, de nombreuses ! Patti Smith, Tom Waits, Bat For Lashes, les Dresden Dolls. J'adorerais aussi chanter avec Catherine Ringer ou bien qu'elle me compose une mélodie.
Et as-tu d'autres collaborations à venir ?
Oui, sur l'album d'Oxmo Puccino, qui vient de sortir, ou encore l'album de Jean Corti, sur lequel j'ai chanté "Jolie Môme". J'en oublie sûrement !
Tu chantes en français, en anglais et en espagnol. As-tu d'autres défis linguistiques ?
Ce ne sont pas des défis, car l'espagnol est ma deuxième langue et je l'écris et la chante assez facilement. Je n'ai pas vraiment de défis linguistiques, je ne compte pas du tout chanter en allemand, car il faut vraiment s'appeler Marlène Dietrich pour que cette langue sonne bien. Mais c'est vrai que j'aimerais bien essayer d'autres langues. Mon disque est dédié à un jeune garçon, Mohammed, qui est décédé l'année dernière et j'aimerais bien, peut-être un jour avec Toan, chanter une chanson en arabe en hommage à ce petit gars qui était le meilleur de mon frère.
Revenons à ton nouveau single, "Elle panique". Quelle est l'histoire de ce morceau ?
Quand je l'ai écrit, je me suis dit que c'était ma petite chanson auto-thérapeutique à me chanter tous les matins pour continuer le combat contre toutes mes angoisses. Petit à petit, les gens me disaient que je parlais d'eux, des gens d'âges et de sexes différents. Au bout d'un moment, je me suis dit que j'allais la garder, car tout le monde se sentait très concerné. Elle est pas mal finalement, car elle ne me parle pas seulement personnellement. Voilà comment j'ai décidé de la garder.
Tu viens de terminer le tournage du clip. Peux-tu me donner des détails concernant le synopsis ?
Je viens de terminer le clip de "Elle Panique" avec Valérie Pirson, qui avait réalisé le clip de "La Femme Chocolat". Je suis très contente, c'est ce que je voulais. Il y a plusieurs personnages, dont trois infirmières, un loup et un monstre qui incarne cette sale caboche contre laquelle je me bats tout le temps. La réalisatrice fait partie des équipes d'animation de Michel Gondry, qui lui-même joue de la batterie sur mon disque sur le titre "Peur du noir". Je l'avais sollicité pour le tournage du clip et finalement, nous n'avons pas eu le temps de le tourner. Le tournage a été assez éprouvant puisqu'il s'est déroulé de 7h du matin jusqu'à minuit, mais c'était quand même très drôle, car le personnage qui joue le loup est mon trompettiste, une des infirmières est sa fiancée et une très bonne amie. C'était encore une fois entre potes et dans une ambiance plutôt détendue et chouette.
Sur la pochette du disque, on voit deux petite poupées, l'une enfermée et l'autre en liberté. Représentent-elles un peu ton état d'esprit ?
Chaque poupée de la pochette incarne une partie de moi avec laquelle je voudrais peut-être en découdre. Peut-être que la poupée enfermée est la partie de mes angoisses ou peut-être est-ce moi qui ai décidé de l'enfermer dans cette cage. La poupée en liberté représente la partie la plus épanouie de moi et la plus détendue. On est tous pareil : on a des moments où on est super gai et trop content de vivre, et d'autres où on s'angoisse pour tout, car on a peur de perdre les gens qu'on aime.
Quels sont tes projets pour la suite ?
Là, je n'ai plus de projets ! Mon planning est complet jusqu'à mars 2010. Je vais déjà assurer ma tournée qui commence le 7 mai, puis ma promo et je commencerai à penser à d'autres choses quand tout cela sera sur les rails
source: http://www.musicactu.com/actualite-musique/noi_104800/olivia-ruiz-seme-des-etoiles-sur-la-musique/
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